Lundi 22 juin

Ce matin, nous démarrons  très très tôt car nous allons voir les tortues luth pondre, et cela ce passe paraît-il avant le lever du jour ; nous arpentons donc la plage

de la Cocoteraie en compagnie de Gwendal ; mais ce matin là nous aurons le bonheur de voir l’émergence des petites tortues luth :

Moi, petite tortue luth je vais vous raconter ma naissance et celle de mes frères et soeurs car nous sommes une famille nombreuse, maman à pondu entre 60 et 80 œufs ,

C’est beaucoup ! nous sommes donc dans ce trou à 80cm de profondeur depuis 62jours, il est tant de casser la coquille et de sortir, il nous faut encore 2 à 3 jours

pour mettre le nez dehors, nous nous bousculons pas mal pour émerger de ce trou unique, je suis la dernière et j’ai beaucoup de mal à sortir car le sable est retombé

dans l’ouverture, heureusement un homme ma tendu la main et me voilà enfin dehors sur le sable.

Help!!                                                      çà y est c'est parti!!

Je suis admirée par des paires d’yeux il est vrai que je suis mignonne : je mesure 6 à 7cm ma carapace est bleue sombre constellée de taches blanches je ressemble

en tout point à ma mère . Pas de temps à perdre je me dirige avec beaucoup de peine dans ce sable mou, je « nage » en battant puissamment des nageoires antérieures

dans un mouvement de brasse, et un coup de rame de mes deux pattes postérieures étirées au maximum vers l’arrière me font avancer relativement vite vers le point

le plus brillant : vers  l’Océan .

Ce matin le soleil brille au-dessus de la mer et il n’y a aucune lumière parasite pour me désorienter,

de temps en temps des pointes d’orteils me remettent dans le droit chemin.

Ce long chemin vers ce qui sera mon habitat va me permettre de fortifier mes membres et tonifier mon organisme pour affronter cet Océan.

Ouf ! me voilà sur le sable dur, j’avance beaucoup plus vite ,de grandes jambes me font une haie d’honneur et me protègent des prédateurs

comme les chiens errants et les urubus ces genres de vautours ; l’Océan n’est plus très loin mais je m’arrête quelques instants,

je suis fatiguée, encore quelques mètres et la première vaguelette vient me caresser le ventre, maintenant cela va très vite :

je suis emportée par le flot puis le ressac me ramène sur le sable une fois, deux fois je bois la tasse mais j’en verrai d’autre !

ça y est, Je suis dans l’eau et je nage !

Je sais que ces épreuves passées il me faudra faire attention aux autres prédateurs que sont les hommes avec leurs filets de pêche

  et leurs sacs plastiques qui flottent et qui ressemble à des méduses , celles qui constituent en majorité notre alimentation.

Pour l’instant je suis bien, au milieu de l’eau entourée de mes frères et sœurs eux aussi parvenus jusque là grâce à la surveillance de trois curieux.

Moi, petite tortue Luth femelle durant le trajet qui me séparait de l’Océan j’ai mémorisé les paramètres de cette plage car à l’âge de 10 ans

entre Avril et Juilletje reviendrai pondre au même endroit en Guyane.

Je suis la dernière représentante d’une famille aujourd’hui éteinte celle des «  tortues cuirassées  » car toutes mes cousines ont disparues

il y a 6 millions d’années.

On dit que la tortue Luth est un fossile vivant ce n’est pas très élégant !, les Amérindiens eux nous nomment « Kawana » c’est tout de même plus joli !!

Je deviendrai la plus grande tortue du monde avec mes 450 à 600 kg, et 1,70m lorsque je serai adulte ; je pourrai plonger jusqu’à 1300 m de profondeur

et rester 80mn en apnée, ma durée de vie est de cinquante ans mais j’espère vivre plus vieille.

 En attendant je vais nager, voir du pays, me faire des copines . A dans 10 ans en Guyane sur la plage de la Cocoteraie à Kourou.                               

Dimanche 14 Juin

Nous profitons de ce que nous avons la voiture pour faire une sortie exploratrice dans la forêt (la jungle !) vers la Montagne des Singes à une  trentaine de km de Kourou .

Le sentier balisé nous mène vers la forêt : C’est la forêt Tropicale humide ( humide c’est le mot,car il a beaucoup plu les jours précédents) ; cette forêt qui nous paraît impénétrable est spectaculaire,avec des arbres tels que le Gommier blanc ( un des géant de la forêt) qui s’élancent à des hauteurs vertigineuses de plus d’une trentaine de mètres pour aller chercher la lumière. La cime de tous ces grands arbres s’appelle la Canopée et leurs bases au sol sont très larges afin d’assurer la stabilité sur les terrains humides et marécageux. Certains comme les palétuviers ont des racines « échasses », comme si ils étaient sur pilotis. En dessous, dans la pénombre et manquant d’oxygène, les jeunes pousses de ces grands arbres ainsi que des arbustes au feuillage plus ou moins dense, comme les fougères arborescentes, les palmiers, se multiplient sous l’ombre des géants. Et au milieu de tout cela, une profusion de plantes épiphytes comme le Philodendron, qui trouve sur les troncs un support naturel sans vampiriser la sève de l’arbre sur lequel elles sont (le gîte mais pas le couvert). Ces plantes font penser à des jardins suspendus.

    La canopée                                                 

                           troncs échasses

 Dans cette forêt, pour tous les arbres et toutes les plante c’est la course vers la lumière.

Nous continuons notre grimpette à travers les racines qui nous aident, tels des marches dans notre progression vers le sommet (on ne saura pas la hauteur de cette montagne), le dénivelé qui devait s’avérer plutôt faible grimpe tout de même pas mal. Arrivés au point culminant où se trouve un carbet, nous nous octroyons une petite pause collation bien méritée (banane et eau) ; sous ce carbet parfois, des promeneurs accrochent leur hamac pour y passer la nuit. Là, nous sommes devant un magnifique paysage à 360° le beau temps étant de la partie : à nos pieds une immensité de vert, nous sommes au-dessus de la canopée cette  forêt qui nous entoure est en Guyane omni présente, au loin les Iles du Salut, le site du Centre Spatial, Kourou et ses environs. Nous redescendons afin de terminer la boucle de ce parcours, cette fois- çi le sentier est beaucoup plus humide nous ne pouvons éviter les passages les pieds dans la gadoue et dans l’eau (nos tennis font floc floc !). Nous suivons le lit d’une rivière sur quelques mètres ce qui nous provoque un effet de fraîcheur bien venu mais, malheureusement c’est l’invasion de moustiques et nous passons notre chemin vite fait. Rencontre avec un tronc épineux, pas sympa du tout.

                                                                                         les racines qui nous servent de marches

Des singes ? Que nenni !! par contre nous avons été accompagnés par les chants des oiseaux. Cette promenade de santé fait une boucle de 8 km, belle ballade !

Retour en passant par le village de Sinnamary qui se trouve à 60km de Kourou , village paisible et propret qui s’étend le long du fleuve du même nom. Après autant d’efforts

la faim nous pousse vers un resto dont la terrasse avance sur l’eau agréable endroit et bon repas de poisson. Fin d’une journée bien remplie .

Une ballade est prévue autour de Sinamary pour y voir les ibis rouges !

Lundi 1^er juin

Remorquage de La Bella Flora et mise sur corps mort à Kourou.

Nous allons maintenant nous occuper de commander l’hélice et la colle  car il n’y a rien de tout cela ici.

La Bella Flora au mouillage sur le fleuve Kourou                                                                

 La Boiteuse Gwendal et Touline nos voisins de mouillage

              Lucien et Mireille nos voisins Suisses sur Tethys

   le mouillage très calme !
                                                                                                                           Gwendal nous fait des crêpes                                            Gwendal après l'effort !

En attendant nous en profitons pour visiter le Centre Spatial, le musée tout d’abord puis visite sur le terrain en bus des zones de lancement d’Ariane 5, de Soyouz , de Véga (un tir est prévu pour le 21 juin) .

Voici un petit topo sur ce que nous avons retenu de la visite :

Le Centre Spatial Guyanais sur une zone de 40 hectares, bénéficie de conditions exceptionnelles pour le lancement, vers toutes les orbites, car il est situé à 5° de latitude Nord et proche de l’équateur ce qui donne aux lanceurs plus d’énergie ( il y a une poussés de 120 tonnes en terre au moment du décollage) grâce à l’effet de fronde dû à la rotation de la terre  par rapport à toutes les autres bases de lancement terrestre dans le monde permettant ainsi de réduire les coûts (carburant pour le lancement) . Ce centre spatial ouvert sur l’Océan permet des lancements dans toutes les inclinaisons orbitales.

                                                           site de lancement

                       c'est là que tout se joue!                        

Le voyage d’Ariane : la Seine, le Rhin, la Manche, les mers du Nord, Ligurienne et Méditerranéenne, puis finalement l’Océan atlantique. Ariane en pièces détachées emprunte les voies fluviales plutôt que les routes de campagne. Après plusieurs allers et retours d’une usine à un site de construction, d’assemblages et de tests les principaux éléments du lanceur (les satellites) se donnent rendez-vous à bord du Cargo Colibri ou le Cargo Toucan. Ils embarquent à Rotterdam, à Livourne, au Havre, à Brême en Allemagne, l’itinéraire entre ces 4 ports n’est pas fixe. Tout dépend des besoins de la Base Spatiale. Finalement, ils traversent l’atlantique en une douzaine de jours selon vents et marées, en direction de la Guyane. Port d’arrivée Pariacabo, à Kourou. Il en est de même pour les 2 autres lanceurs.

Le 22 Juin nous avons eu la chance d’assister du bateau au tir de Vega, qui est le plus petit des lanceurs. Il a été crée spécialement pour le lancement de petits satellites scientifiques ou d’observation de la terre. Visite très intéressante mais malheureusement j’ai oublié pas mal de chiffres, j’aurai du prendre des notes.

à cet endroit lorsque le lanceur décolle il y a 124 tonnes de poussée en terre                                                   

 Voici quelques photos de Kourou car il n'y a pas grand chose à dire sur cette ville.

                L'architecture de Kourou

le marché de Kourou

                                                                                                                                                       les bus! notre moyen de locomotion