Iles du Salut Guyane Française

Samedi 30 mai

Il est 7h, nous avons remis un peu de grand voile à l’approche des îles afin d’avoir de la vitesse car le courant est fort et nous pousse sur les roches devant le mouillage,pas le choix nous jetons l’ancre rapidement ,beaucoup de stress (surtout pour moi) ; nous voilà ancrés un peu près des rochers, mais l’ancre Spade bien accrochée nous sommes rassurés (merveilleuse ancre, fréquentant beaucoup les mouillages elle nous permet des nuits paisibles même quand tout s’agite autour de nous).

Capsun arrive à midi,nous débarquons sur l’ile Royale ,afin de nous renseigner si l’on peut prendre le corps mort (réservé à la douane) ; le gardien de l’île nous en donne la permission ,Capsun va nous remorquer sur cette bouée ,car sans moteur c’était dangereux de rester sur ancre,si près des rochers.

 Dimanche 31 mai Une pensée pour Annie et pour Maman

.Nous partons tous sur Capsun à Kourou afin de prendre contact avec les personnes qui vont pouvoir on l’espère nous dépanner. Effectivement rencontre avec Loïc et Manu (de la SNSM) qui nous seront d’une aide précieuse. Après quelques jours nous retournons sur le bateau car le remorquage est prévu pour demain. Nous profitons de la journée pour faire la visite de l’île Royale, d’autant plus que le temps s’est mis au beau ( il faut dire que nous sommes a la saison des pluies en Guyane et ce n’est pas peu dire des trombes d’eau !!).

 Un peu d’histoire : Les îles du Salut  forment un groupe de 3 îlets situés à 14km au large de Kourou : la principale l’île Royale, la seconde l’île Saint Joseph, la troisième l’île du Diable. Une loi d’avril 1852 Napoléon III fit de la Guyane une terre de déportation.

Environ 60 000 hommes et femmes ont traversés l’océan à fond de cales pour arriver à Saint Laurent du Maroni et être dispersés dans les divers bagnes de la Guyane.

L’île du diable était réservée aux prisonniers politiques, le capitaine Dreyfus y resta seul pendant 5 ans,condamné en 1895 pour haute trahison,il fut reclus dans une case entourée d’une palissade et mis aux fers toutes les nuits et maintenu dans un silence absolu ; la nourriture lui parvenait de l’île Royale  à l’aide d’un cable tendu entre les deux îles. Il ressortit du bagne après ces 5 longues années, il obtint sa grâce et sa réhabilitation avec l’aide d’Emile Zola auteur de la fameuse lettre ouverte “J’accuse “ parue dans le journal L’aurore ;très difficile d’accès elle est interdite au débarquement.

Sur l’île Saint Joseph  se trouvent les vestiges des cachots de 2 m2, sans toit, avec interdiction de communiquer, et rations réduites ; sur cette île furent détenus entre autres :

1933 Henri Charière dit Papillon , 1923 Guillaume Seznec, 1908 Benjamin Ulmo ( pour l’attaque d’une banque ), Achille Benlaygue repris 19 fois en tentant de s’échapper mais la 20 ième fois fût la bonne. C’est en 1936 que le front populaire décide la fermeture du bagne et supprime la peine de doublage (les prisonniers libérés devait effectuer avant leur retour en France le même temps que leur peine en Guyane) ; le dernier convoi ne quittera le bagne qu’en 1953.

 En 1964 Le Général De Gaulle décide l’ouverture du centre spatial Guyanais (CSG) à Kourou ; Les îles deviennent propriété du CNES (centre national d’études spatial) car elles sont situées sous la trajectoire des lanceurs, Le CNES y a installé une caméra de poursuite qui filme les premières phases du lancement ; les îles sont évacuées 5h avant le tir ; il y a 12 lancements par an.

Pour nous se sera la visite de l’île principale : l’île Royale sur cette île se trouvait le centre du commandement des 3 îles , avec la maison du Directeur restaurée et transformée en musée ( c’est là que nous apprenons davantage sur l’histoire de ce bagne,parait-il le moins dur de Guyane), le mess des officier est maintenant réhabilité en restaurant et hôtel, La chapelle elle aussi a été restaurée ,c’est ici que les sœurs soignaient les bagnards , car l’hôpital était destiné aux civiles .

Aujourd’hui il est agréable de ce promener dans cet endroit parmi les cocotiers et les animaux qui eux fréquentent le bagne librement. Rencontre avec  les agoutis (genre de  rats ans queue ), les paons , les singes très intéressés par les  morceaux de pain que nous leur lançons . Belle promenade malgré le poids du passé qui reste très présent.